Avec le passage du temps, une décoloration de l’une des couleurs primaires peut se produire sur le film ; vous pouvez noter des dominantes chromatiques rouges, bleues, vertes, ou une désaturation des couleurs en général, ce qui réduit également le contraste global de l’image.
Ce type de détérioration, qui est progressive et implacable, ne permet pas de profiter du film dans ses couleurs d’origine ; on doit se contenter d’une vision presque monochrome, ou avec des couleurs complètement décalées.
Pour restaurer ces films, il y a deux approches différentes :
1- Réaliser dans un laboratoire spécialisé une copie physique du film sur un nouveau film, rétablissant une colorimétrie acceptable avec des procédures photochimiques, mais les coûts sont élevés et ils ne peuvent pas être justifiés pour des films de famille ou de peu de valeur historique et/ou artistique.
2- Réaliser le télécinéma à acquisition « photogramme par photogramme » du film, avec l’avantage de pouvoir satisfaire toutes les exigences, à des coûts variables et proportionnés au type d’intervention.
La procédure standard est la suivante :
Le film est d’abord nettoyé en profondeur avec un solvant pour éliminer toute la saleté de surface. Le télécinéma à acquisition est effectué en faisant varier la luminosité des groupes de DEL RGB. Ce faisant, on essaie d’obtenir la meilleure colorimétrie possible avec les instruments, à savoir les couleurs plus proches de la réalité. En général, on peut obtenir un résultat acceptable/bon, parfois excellent, selon la marque et le type de film utilisé pour filmer ou pour l’impression de la copie et selon l’état de dégradation.
Il y a des films où les couleurs sont délavées d’une manière différente. Nous devons alors agir de manière ciblée, par un calibrage soigneux du scanneur de films pour des groupes de scènes ou même scène par scène. Nous passons alors à la post-production, en utilisant le logiciel « DaVinci Resolve », par lequel nous travaillons pour optimiser toutes les couleurs et retourner le film le plus proche possible de son état d’origine.
Le traitement d’un film de 30 minutes peut comporter même un mois de travail.
Les deux photogrammes parlent d’eux-mêmes. « Film original » est l’acquisition d’un photogramme du film tel que nous l’avons reçu. On peut noter une dominante cyan et une réduction générale significative du contraste.
« Film restauré » est l’acquisition du même film, avec la mise en œuvre de toutes les mesures décrites dans la « procédure standard ».
La recommandation est toujours la même : plus tôt l’on agit avec la transposition en digital, moins élevés sont les coûts et meilleurs sont les résultats. Attendre aggrave les dégâts des films et porte toujours un résultat du niveau inférieur et une augmentation des coûts.
© 2017 Carlo Bazan
Le syndrome acétique est un processus chimique dégénératif irréversible qui modifie le support de film en triacétate de cellulose. Dans la première phase, le support se décompose et libère de l’acide acétique, qui s’accumule dans la boîte qui contient le film et accélère la réaction produisant même plus d’acide. Dans la deuxième phase, le film commence à se déformer et à se rétracter. Le film devient plus rigide et l’émulsion commence à se détacher du support et forme des flocons et des fragments ; le film a tendance à se recourber et, avec le temps, il devient irrécupérable. Le syndrome acétique peut affecter tout format de film : 8mm, Super 8mm, 9,5mm, 16mm et 35mm.
Le syndrome acétique se produit principalement dans les films plus vieux et mal conservés (environnement chaud et humide). Quand on se rend compte de ce phénomène, une solution tampon consiste en l’inclusion dans les boîtes contenant les films de sachets de tamis moléculaires, qui ont la propriété d’absorber l’acide acétique. Le processus dégénératif ralentit, mais malheureusement il ne s’arrête pas. Il est recommandé de conserver dans un environnement frais et sec.
Pour les films dans la première phase, la récupération est possible en imprimant le film sur un autre film ou en exécutant le télécinéma à acquisition qui permet de sauver le contenu du film. La restauration digitale successive retournera un film encore utilisable et d’une excellente qualité.
Pour les films dans la deuxième phase, tout est beaucoup plus difficile et coûteux. La seule possibilité pour essayer de les sauver est de faire dès que possible le télécinéma à acquisition photogramme par photogramme, en essayant d’obtenir l’image encore acceptable par une restauration digitale successive approfondie et longue.
© 2017 Carlo Bazan
L’exemple est tiré d’un film qui nous a été envoyé pour la réalisation du télécinéma. Malheureusement, à cause d’un mauvais stockage dans un environnement humide, des colonies de moisissures couvrent progressivement le film. Bientôt elles se réuniront jusqu’à couvrir complètement l’émulsion. Le résultat sera la perte totale de l’image. Pour endiguer cette prolifération, il existe des traitements chimiques à effectuer en plus d’un stockage dans un environnement froid et sec. Lorsque des films sont dans ces conditions, on peut essayer de les nettoyer avec des produits spécifiques et immédiatement après procéder avec le télécinéma à acquisition, mais le résultat final aura encore quelques signes de dégradation.
© 2017 Carlo Bazan